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Le secret de Janus [by Ange_Blond]

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Snoop

Snoop
Explorateur de l'univers

Cette histoire n'est pas la mienne mais celle de mon cousin qui a joué a Ogame (Ange-Blond)

Préface :


C’était par un magnifique matin au lever du soleil de couleur cian que Jy prit conscience de l’importance de cette nouvelle journée qui commençait. C’est en ouvrant timidement ses yeux bleus qu’elle se rappela que la couleur cian de ce lever de jour était le fruit de la diffraction de la lumière dorée à travers les brumes vertes qui émanaient des usines en bas de la cité. Et quelle cité ! Tibalt ! Ce nom résonnait encore dans sa tête depuis le jour où elle avait gagné sa place parmi la garde impériale. Elle avait montré à ses supérieurs qu’une fille déterminée savait faire aussi bien que tous ces mâles qui se pensaient invulnérables et basaient leur puissance et leur aura sur leur seule force musculaire… Ha ces hommes… un jour viendra où elle leur montrera à tous combien elle est forte, combien elle peut tous les surpasser.

Elle émergeait de son sommeil lorsque son réveil émit bruyamment des pulsations infrarouges. Les infrarouges étaient censés réveiller sans sursaut et sans désagrément contrairement à ces primitifs réveils sonores… mais cela elle ne le savait que parce qu’on le lui avait dit : depuis ses 16 ans, elle se réveillait toujours en avance de quelques minutes au moins sur lui… « T’as encore perdu ! » pensa-t-elle en cherchant depuis combien d’années ce minable appareil lui avait été inutile au possible…

Elle se leva donc à la lueur de ce soleil qui commençait à tirer sur les bleus, se dirigea vers la cuisine pour y préparer son déjeuner favori. Ce matin était Le matin. Et comme elle se l’était inconsciemment promise, elle se préparait un déjeuner de championne : un grand verre de jus de cerises (« des vraies » précisait l’emballage même si elle n’en croyait pas un mot) et une assiette de pétales de coco séchés qu’elle faisait tremper abondamment dans du lait parfumé à la vanille.

En engouffrant à pleines bouchées ce met plein de douceurs, elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer ce qu’elle était devenue en quelques années. D’abord une jeune recrue qui voulait défendre son empire, mais rapidement elle avait excellé dans toutes les disciplines, sa préférée étant de loin l’informatique, pour laquelle elle se passionnait tout particulièrement, et bien sur sa seconde étant les armes. Elle était restée bouche bée lorsqu’elle avait utilisée la première fois un AP-10, une arme de point légère et très maniable, idéale pour le corps à corps et dont elle connaissait les moindres détails à tel point qu’elle savait calibrer sa puissance en quelques instants dans le noir complet, alors que certains n’y arrivaient pas avec une lampe en plein jour…
Aujourd’hui, elle sera présentée au gouverneur de Tibalt, qui la recevra en personne dans sa garde personnelle, chargée de sa protection et de celle de l’empereur… et savait qu’elle serait amenée un jour ou l’autre à décoller aux cotés du gouverneur pour la planète la plus convoitée de l’empire : Janus. Planète des élites de toutes sortes, des missions périlleuses, des honneurs les plus élevés de cette galaxie. Planète où siège le plus puissant des hommes et aussi un des seuls qu’elle considérait à la hauteur de son poste : l’Empereur.
On dit que l’armée de l’empereur est réservée aux seuls soldats qui ont fait leurs preuves en revenant victorieux de missions dangereuses… elle en fera partie un jour.

Elle surveillait du coin de l’œil l’écran d’un de ses ordinateurs pour y apercevoir un potentiel courrier intéressant… autre chose que ses incitations à faire partie des missions de colonisation qui vont et reviennent à la recherche d’une planète d’accueil pour une nouvelle annexe de cet immense empire. Rien. Pas grave, elle se savait seule, mais cela ne l’inquiétait pas, bien au contraire, elle avait toujours aimé cet esprit solitaire. Elle ne dépendait de personne pour faire les choses comme elle l’entendait, et ça lui allait très bien comme ca.

Son repas terminé, elle se leva de table pour ranger son couvert mais se ravisa. Elle rangera ça plus tard. Elle devait se préparer à présent, et surtout enfiler cette fameuse tunique noire, bordée de coutures pourpres et dorées, reconnaissable entre mille. Elle ouvrit donc le paquet qu’on lui avait livré en personne la veille au soir pour en sortir délicatement son habit de cérémonie.
Elle prépara sur son lit la ceinture noire de soie, et son Katana, symbole de ses talents dans les forces armées. Cette arme désuète aujourd’hui n’était remise qu’à ceux qui en avaient reçu les honneurs, en figurant parmi les plus audacieux et téméraires. Comme pour en vérifier l’existence, elle sortit d’un geste lent et délicat l’arme indestructible en alliage de titane allégé affûtée au laser. Maniable et capable de couper une arme traditionnelle en deux d’un seul geste. Ce n’était pas son arme favorite mais elle éprouvait véritablement de la puissance lorsqu’elle tenait cette arme en main.

Elle prit une dernière minute de réflexion dans le calme, puis mit de la musique déraisonnablement fort, symbole de ses grands jours, avant de se faufiler dans la salle de bain pour se préparer.

Cette journée était l’aboutissement de plusieurs années d’efforts, et elle comptait bien en profiter…

Snoop

Snoop
Explorateur de l'univers

Une fois apprêtée, elle prit une grande inspiration avant de franchir la porte de son petit appartement, réservé aux soldats et aux personnes qui oeuvrent pour la protection de l’empire… Elle n’était pas tout à fait d’accord avec le terme de « protection », en considérant le nombre de flottes de combats qui décollaient chaque jour pour aller chercher des ressources si difficiles à produire dans les empires voisins…

La première personne qu’elle croisa dans le couloir était un jeune réserviste, comme elle l’avait été quelques années jadis. Elle ralentit le pas à son approche et avant même qu’elle ne pu se serrer sur le coté pour le laisser passer, il s’arrêta net, la contempla des pieds à la tête en un regard, se serra lui-même sur le coté et la salua fièrement. Elle continua donc son chemin en lui adressant un timide salut militaire et un grand sourire devant ses joues qui rougissaient à mesure qu’elle s’approchait de lui. Il était indéniablement impressionné par sa tenue de cérémonie, mais surtout par sa prestance.

Elle sourit, amusée d’avoir à ce point impressionné ce jeune homme.

La radio dans l’ascenseur qui la descendait vers le niveau 0 annonçait un événement milliaire aujourd’hui auquel les citoyens étaient invités à assister. Elle se sentait pleine de fierté.
Tout le long de son chemin vers le palais, les gens qui la croisaient ne pouvaient pas détourner leur regard, en se retournant lorsqu’ils la croisaient. La tenue et l’arme qu’elle portait montraient en un coup d’œil le rang militaire qu’elle avait acquis.

Elle se présenta aux portes du palais, qui commençait à se remplir de monde venu assister à cette cérémonie. Le garde de faction à l’entrée lui demanda ses papiers. Elle sortit de son unique poche son badge électronique et lui présenta. Il fit passer devant son scanner, regarda avec insistance l’écran. Il lui fit passer ensuite un test rétinien et lui autorisa l’entrée dans la cité.
« On va vous accompagner » lui lança-t-il en désignant deux gardes qui s’avançaient.
Elle attendit qu’ils la rejoignent en tachant de se tenir bien droite pour faire bonne allure.
« Bonjour mademoiselle » lança le premier.
« Vous venez avec nous ? »
« Bien sur » répondit elle en souriant.
Ils firent quelques pas en silence. Le plus grand des deux entama la discussion.

« Ne vous faites pas de soucis, tout va bien se passer. »
« … oui » répondit elle en hésitant.
« Vous savez, vous serez dix à être admis ce matin. Détendez vous, ce n’est qu’une cérémonie officielle, le reste est plus détendu »
« Merci »
« Voila le déroulement de la cérémonie : Vous serez les dix au centre de la place, le gouverneur va faire un petit discours sur l’armée impériale et le sens du devoir, puis votre supérieur passera vers chacun de vous pour vous remettre votre arme de point. Vous l’attachez à la ceinture et vous saluez. Ensuite vous vous retirez en rang dans le palais pour recevoir vos affectations. »
« D’accord… mais nos affectations, elles sont déjà décidées ou on peut choisir ? »
« Ha… la plupart du temps elles sont déjà prévues mais il arrive selon vos résultats qu’on vous demande une préférence voire même un choix. »
« Merci » répondit-elle dans un grand sourire.

Tout en marchant, ils étaient arrivés au centre de la place. Elle était la dernière à être arrivée car les neuf autres recrues étaient déjà là formant un cercle et discutant entre eux.

« Bon courage » lui dirent-ils en guise d’au revoir avant de faire demi-tour.

Elle s’avança lentement vers le groupe lorsque la musique retentit. Tous prirent place en un seul rang parfait et levèrent le regard pour apercevoir le gouverneur apparaître au balcon…

Snoop

Snoop
Explorateur de l'univers

Le discours du gouverneur commença comme chaque fois… un bla bla sur les forces armées de l’empire qui défendent les citoyens et le mode de vie des menaces extérieures, et intérieures… sur la bravoure des soldats et des pilotes qui luttent au nom de cette liberté et de la soif de conquête…

Cinq minutes après, un des généraux présents spécialement pour la cérémonie fit son apparition, accompagné par un subalterne avec une mallette qui paraissait être faite d’or tant il en prenait soin.
Chacun leur tour, les postulants reçevaient leur arme avec un petit mot du général et un salut militaire à chaque candidat.
Lorsque le général s’approcha d’elle, il lui fit don d’un grand sourire.

« Mademoiselle, vous avez fait preuve d’une détermination exemplaire, et vous avez su montrer votre dévouement aux forces armées de l’empire. Recevez cette arme, qui est à présent vôtre, et qui représente votre engagement au sein de notre armée. »

Il se tourna vers le préposé qui tenait la mallette ouverte, y prit la dernière arme de point et la lui présenta, chargée comme elle avait pu le distinguer.

Elle lui rendit un immense sourire et saisit d’une geste ferme l’arme, accrocha la ceinture que le préposé lui tendait et y rangea l’arme, sans avoir au passage oublié de vérifier la présence de la sécurité.

Elle salua les deux hommes.
Sans s’en rendre compte, elle arborait un sourire magnifique.

Tout en rejoignant le palais, main à la ceinture comme pour vérifier la présence de l’arme, elle se demandait quelle serait son affectation… Elle aurait tant voulu être des missions d’infiltration, ou de protection rapprochée… pas juste une parmi des centaines qui forment des régiments.
Elle se sentait capable de faire bien plus que tout ça.

Chacun leur tour, les nouveaux admis se présentaient dans le bureau du général pour y recevoir leur nouveau poste. Certains en sortaient souriants, d’autres moins…

Lorsque son tour arriva, elle se présenta à la porte en prenant garde à se tenir bien droite et à ne pas sourire comme une idiote… He oui c’est ça l’armée, tu peux être heureuse mais tu ne dois pas le montrer…
Avant qu’elle n’ait pu mettre sa main sur la serrure, la porte s’ouvrit devant elle et plusieurs personnes la saluèrent en sortant. Pourquoi quittaient-ils la pièce alors qu’elle était la dernière ? L’avaient-ils oublié ? Encore une de ces blagues que l’on réserve aux femmes ?

« Entrez, je vous en prie » fit le général du fond de la pièce, derrière un immense bureau.

Elle s’avança, timidement dans cette grande pièce vide et se posta devant le bureau et salua.

« Asseyez-vous ».

Elle s’exécuta en silence, ne sachant pas quoi dire.

Il y eut un grand silence pendant lequel le général prit une profonde inspiration avant d’annoncer à voix basse :

« Mademoiselle, vous n’êtes pas comme ceux qui sont venus ici ce matin. Je sais reconnaître les bons éléments des forces armées et je suis sûr que vous méritez bien mieux qu’une affectation aux forces spatiales d’espionnage et de frappe. »

« Merci monsieur » répondit-elle timidement.

A nouveau un grand silence…
Il se massait les tempes, comme s’il devait prendre une décision capitale ou réfléchir à plein temps. La situation devenait intrigante pour Jy.

« Bien. Je vais vous expliquer pourquoi nous ne sommes que tous les deux à présent… »

Snoop

Snoop
Explorateur de l'univers

Pourquoi un tel silence, pourquoi un tel secret, pourquoi elle ? Elle ne cessait de retourner ces questions dans tous les sens lorsqu’il la coupa dans ses pensées.

« Voilà votre dossier » lui dit-il en lui indiquant la pile de feuilles colorées sur laquelle il avait posé ses mains.

« Il indique tous les excellents résultats que vous avez obtenu au long de votre entraînement. Pour la plupart des formés, cet entraînement reste une des rares fois où ils tiennent une arme avec l’intention de s’en servir. En ce qui vous concerne, vous avez obtenu des résultats impressionnants dans tous les entraînements de tir, passant avec aisance de l’arme de point au fusil à lunette en passant par le poignard de combat… »

« Merci monsieur. »

« Je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps : je vous ai sélectionné pour être un agent au statut très particulier… vous savez… notre empire repose sur des armées disciplinées, mais aussi sur des forces plus… disons secrètes, qui surveillent notre système de l’intérieur.
Nous nous efforçons de maintenir le secret concernant ces forces spéciales, je pense que vous comprenez cela. »

« Bien sur. »

« Pour le moment, je ne peux pas vous en dire plus, pas sans votre accord. Mademoiselle Jy, êtes-vous prête à vous engager dans ces forces spéciales ? »

« He bien général, avant de vous répondre, pourrais-je savoir à quel genre de missions je m’engage ? Non pas que je craigne quoi que ce soit, mais vous ne m’avez pas dévoilé cet aspect des forces spéciales… »

« Je vois… mais je ne peux pas vous en dévoiler plus, tant que je n’ai pas votre accord écrit sur ce document. » lui répondit-il en lui désignant une feuille avec un stylo.

« Cette décision vous appartient, et je ne pense pas que vous aurez un jour à le regretter, mais c’est à vous de la prendre. Je vais aller nous chercher du café, et je vais prendre mon temps, en espérant qu’à mon retour d’ici cinq minutes, vous aurez ou non signé ce document.»

Sur ces mots, il se leva de son confortable fauteuil et se dirigea vers la porte. Juste avant de la franchir, il lui adressa un dernier regard. Elle en profita pour lui lancer :

« Pour moi ce sera un thé, si vous le voulez bien. »

Il lui fit un petit sourire et acquiesça de la tête avant de franchir la porte pour la refermer derrière lui.
Elle prit une profonde inspiration. Il avait tout laissé en plan sur son bureau, ses états de service, ses aptitudes, le genre de documents que l’on masque devant son propriétaire. Soit il avait choisi de la tester en lui laissant ces documents sous le nez et la surveillait par une mini caméra bien cachée, soit il avait une grande confiance en elle. Elle se surprit à divaguer sur la question alors qu’elle en avait une bien plus sérieuse à creuser. Les forces spéciales… le coté mystérieux laissait une place un peu trop grande à l’imagination quand aux mission que l’on exigerait d’elle si elle acceptait. Mais elle avait aussi toujours voulu en savoir plus, aller au fond des choses, et en ce jour, on le lui proposait sur un plateau d’argent.

Tout en réfléchissant, elle se surprit à prendre en main le stylo qui traînait sur le document…
A quoi je m’engage si je dis oui ? Qu’est ce que je perds si je refuse ? Elle ne cessait de retourner dans tous les sens ces questions lorsqu’elle fut interrompue par le son d’une horloge numérique qui annonçait l’heure par des bips discontinus.
Et après tout, qu’avait elle à perdre, et qu’avait-elle à gagner ?

Elle prit une minute de silence (qui ne dura que dix secondes en réalité) et apposa d’un geste sûr sa signature sur le document.
C’est juste après qu’elle ait reposé le stylo en place que la porte s’ouvrit, laissant apparaître le général avec deux gobelets en aluminium recyclable. Il s’approcha d’elle pour lui tendre son gobelet pendant qu’elle surveillait discrètement son regard du coin de l’œil pour voir si il regardait le document qu’elle devait ou signer. Mais il n’en fit rien. Il reprit sa place dans le fauteuil et reprit le stylo qu’elle avait reposé, pour le ranger dans sa veste.

Il prit ensuite le document, le retourna et il eut comme un soulagement lorsqu’il vit la signature.

« Parlez-moi des forces spéciales.» lui dit-elle avec détermination après avoir englouti une gorgée de son thé.

Il leva lentement les yeux vers elle.

« Bien. Merci… d'avoir accepté. J’aurais été très déçu du contraire. Les forces spéciales, comme vous vous en doutez, sont tenues au secret. »

« Je vois… » dit elle.

« Non … non vous ne voyez pas. » lui dit-il en la coupant net.

« Venez avec moi » dit-il en se levant. « Nous allons satisfaire votre curiosité… » et il prit la direction de la porte en souriant.

Snoop

Snoop
Explorateur de l'univers

Elle le suivit dans le couloir. Tout en avançant à grandes enjambées, il sirotait son café péniblement à cause des secousses qu’il s’imposait en marchant si vite…

Lorsqu’ils arrivèrent au bout du couloir, ils se trouvèrent nez à nez avec une immense porte de métal équipée d’un digicode en guise de serrure. Le général composa rapidement un code à 10 chiffres (avait-elle compté) et la lourde porte tourna sur ses gonds en silence.

Elle le suivit dans la pièce noire sans lumières et la porte se referma lentement derrière elle.

Ce n’est qu’une poignée de secondes plus tard que la lumière bleue tamisée éclaira la pièce timidement. Il y avait une autre porte devant elle, équipée d’un autre appareil de serrure qui lui était inconnu et une grande vitre teintée parcourait le mur à gauche. Une caméra à chaque angle de la pièce derrière un globe de verre blindé…

La sécurité était le mot d’ordre sans doute… elle ne croyait pas si bien dire.

Le général rompit le silence alors qu’elle était en train de scanner du regard chaque coin de la pièce.
« Nous sommes dans le sas de sécurité. Vous n’avez pu y entrer que parce que vous êtes avec moi, sans quoi vous seriez déjà enfermée et interrogée par les services secrets. Ne faites jamais pénétrer quelqu’un ici. En plus de risquer votre carrière, vous risqueriez sa vie ! Et ne croyez pas que je plaisante ! »

« C’est compris monsieur »

« Bien. Nous allons entrer à présent mais auparavant, vous devez vous présenter face à la vitre pour vous identifier. »

« Pardon ?»

« Tournez vous face à la vitre, on va prendre votre photo et relever votre identité, pour préparer vos … papiers » Et il termina sa phrase dans un grand sourire.

Elle pivota sur la gauche en cherchant à distinguer une forme ou un quelconque appareil à travers le miroir mais il l’interrompit.

« Vous venez ? »

Sans qu’elle ait pu entendre quoi que ce soit, il avait ouvert la porte du fond et l’attendait sur le pas de la porte.

« Mais… et la photo .. ? »

« Elle est prise, je vous assure. »

Elle détourna le regard une dernière fois vers la vitre sachant qu’elle ne verrait rien de toute manière puis elle s’engagea juste derrière lui à travers l’ouverture.

Ils débouchèrent dans un immense couloir vitré sur les parois et le sol, qui surplombait une pièce grande comme un immeuble. Depuis là haut elle pouvait distinguer des centaines de personnes là en bas, certaines en tenues de combat, d’autres qui allaient et venaient comme dans un jeu vidéo où tout bouge trop vite pour que vous puissiez distinguer tout ce qu’il se passe.
De part et d’autre de ce couloir de verre, des ascenseurs permettaient de descendre dans la fourmilière.

« Bienvenue aux services secrets. » lui annonça-t-il en souriant.

Puis il prit la direction de l’ascenseur le plus proche. Elle lui emboîta le pas, en en cessant de contempler cette immense architecture en dessous de la ville.
L’ascenseur les conduisit au niveau 0.

En sortant de la boite de métal, elle se sentit tout d’un coup beaucoup moins fière de sa tenue de cérémonie, son sabre à la ceinture… La plupart étaient en tenue de combat noire, arme de point à la ceinture et arboraient un air grave… pas un seul sourire… personne ne faisait attention à elle. D’une manière générale, personne ne faisait attention à personne.

Ils se dirigèrent vers un petit bureau isolé dans un coin de la pièce immense.
Le général s’arrêta devant la porte, frappa et ouvrit sans même attendre une réponse. Il lui fit signe d’entrer et la suivit dans la petite pièce.
Un bonhomme à l’air sympathique (plutôt rare dans les parages pensait-elle) assis à son bureau les regarda entrer sans un mot. Il prit le papier que le général venait de sortir de la poche de sa veste et retourna à son bureau.

« A plus tard » fit le général avant de quitter la pièce.

Le petit bonhomme retourna à son bureau, papier en main. Il prit le temps de s’asseoir en la dévisageant de la tête aux pieds.

« He bien je vous en prie, asseyez-vous. »

Elle prit place dans le fauteuil face au bureau.

« Comment vous appelez-vous ? »

« Jy Zuda monsieur »

Il se racla la gorge.

« Vous en êtes sûre ? » lui répondit-il avec un air interrogateur.

Snoop

Snoop
Explorateur de l'univers

Pourquoi tout le monde me demande si je suis sure ? pensa-t-elle.

Le petit bonhomme souriait comme dans les publicités pour les services dentaires, comme ravi du petit doute qu’il venait de lever dans son esprit.

« Voyez-vous, vous venez de débarquer dans un endroit qui ne figure sur aucun plan officiel du bâtiment, vous avez croisé des personnes qui n’ont pour la plupart jamais existé, et vous êtes sur le point de vous engager à leurs cotés.
Dans cette section des forces armées, personne ne connait personne. C’est la volonté des instances supérieures, pour éviter toutes les complications inutiles.
Vous m’avez donné votre nom, mais il va vous falloir l’oublier. Vous travaillerez sous un identifiant, sans nom, sans carte d’identité, sans droit de vote, votre travail va devenir votre vie à plein temps, autant qu’elle durera…. »

Il avait prononcé ces derniers mots à mi voix en baissant le regard d’un air attristé.

« Compris » dit-elle simplement.

« Alors vous y avez réfléchi ? » enchaîna-t-il.

« Réfléchi à quoi » répliqua-t-elle sur le qui-vive.

« Votre nouvelle identité voyons ! Vous n’avez droit qu’à un seul identifiant, de préférence avec peu de syllabes… »

« C’est aussi une règle ? »

« Non pas du tout, l’identifiant unique c’est parce que l’ordinateur n’a qu’une case à remplir, et les syllabes c’est pour moi car les noms à rallonge, je n’arrive jamais à m’en souvenir. »

« Heu, voyons voir… pourquoi pas… Züya ? »

« Züya ? Curieux…. mais intéressant, et facile à prononcer. » Il saisit un papier blanc et écrivit le nom de différentes manières… il semblait réfléchir profondément lorsqu’elle l’interrompit :

« Z, U tréma, Y, A … facile non ? »

Il écrivit les quatre lettres avec soin sur son papier, prit du recul en s’enfonçant au plus profond de son siège et en profita pour se gratter la petite barbichette qu’il avait sur le menton, faisant mine de réfléchir alors qu’il n’y avait plus rien à cogiter.

« Adjugé.
Par contre je vais avoir besoin de tout ce que vous détenez sur vous, papiers, objets divers, … bijoux, … vous pouvez garder le sabre et votre arme. »

Elle se leva de son siège pour fouiller au plus profond de ses poches et en extraire tout ce qui traînait là au fond. Au fur et à mesure qu’elle déposait les objets sur le bureau, il les enfournait dans une petite pochette plastique, sur laquelle il avait pris le soin de noter son nouveau nom. Une fois les poches retournées, il referma le sachet et le scella définitivement.

Il lui tendit le papier qui venait de sortir de l’ordinateur, sur lequel figuraient sa photo, son poids, sa taille, la couleur de ses yeux et une multitude d’autres renseignements. Tout ce qu’elle savait d’elle-même semblait y figurer, sauf son nom. En en-tête du papier figurait son identifiant en gras.

« Bien » lui dit-il. « C’en est fini pour moi, à présent je vais vous confier à votre formateur, un type plutôt sympa, ne faites pas attention à son air sérieux, c’est un brave gars au fond… » et il lui fit un sourire.

Il la raccompagna à la porte et lui indiqua un homme assis à un bureau en train de pianoter sur son clavier, l’air plongé dans ses idées.

« Le major. Votre nouvel interlocuteur. Il doit vous attendre. »

« Le major … ? » fit-elle avec un regard interrogateur.

« Le major et pi c’est tout. Personne ici ne connait son nom. »

« Merci »

Elle se dirigea vers le major, papier en main.

« Bonne chance à vous » lança le petit bonhomme dans son dos en lui faisant un signe de la main.
Sans s’arrêter d’avancer, elle se retourna d’un quart de tour, lui fit un magnifique sourire et reprit son chemin.

Snoop

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Tout lui semblait si … vide dans cette immense pièce, même si des dizaines de personnes y allaient et venaient. Il y n’avait pas de bruit de paroles, juste des mots par ci et par là, et un grondement léger qui empêchait le silence de s’installer.
Tandis qu’elle s’approchait du major, elle découvrit sur son visage une grande cicatrice qui partait de son œil gauche pour descendre jusque sur son cou. Il avait un air concentré et sérieux, comme la majorité des personnes qu’elle avait croisé jusque là. Il leva les yeux le temps d’un instant et repris la lecture de son écran aussitôt, faisant mine de ne pas l’avoir vue.

« Major ? » hésitât elle alors qu’elle était à présent rendue devant lui.

Pour toute réponse il tendit la main ouverte comme pour saisir un objet invisible. Elle regardât sa main avec curiosité, puis réalisa le sens de son geste et aussitôt lui remis le dossier en main, après un timide « pardon monsieur ».

Il leva encore une fois les yeux en guise de réponse, pris le dossier et se leva de sa chaise. Elle eu comme un petit pic de stress comme à la veille de ses examens étant jeune alors qu’il parcourait le dossier rapidement. Il le referma rapidement, lui fit un timide sourire et ouvrit la bouche pour la première fois :

« Enchanté mademoiselle, bienvenue parmi nous. »

« Merci monsieur.»

« Bon, on va tirer au court avec tout ce qui peut sembler protocolaire. Avec moi, on bosse, on parle, on rigole même parfois, mais on se respecte avant tout. Sachant cela, je vous demanderais de bien ne pas me donner du « monsieur » à tout vas. Nous sommes sur un pied d’égalité, même si c’est moi qui vous dis ce que vous avez à faire. Compris ? »

« Très bien m… »
Elle se ravisa sur ce dernier mot dans un léger sourire presque implorant.

« Bien. Allez venez on va vous installer, et ensuite on fera plus ample connaissance. »

Et il partit devant elle. Elle lui emboîtât le pas poliment. Décidément personne n’était pareil ici. Elle savait qu’elle allait aller à ses appartements, mais elle n’avait rien pris avec elle, pas même des sous vêtements. Elle commençait à imaginer toutes les scènes possibles : un immense dortoir de lugubre sans chauffage et tout le monde avec le même package de vêtements bleus foncés de l’armée, ou alors juste une chambrette minuscule avec un malheureux lavabo et une porte qui en ferme pas la nuit.

Mais là où ils avançaient, tout était lumineux et chaud. Ils étaient dans un couloir et prirent la direction de l’ascenseur pour ensuite descendre encore cinq niveaux plus bas sous terre.
A la sortie, les couloirs étaient vides, mais les murs et le sol avaient un toucher agréable, une sorte de mousse dans laquelle on rêve de se coucher. Elle se mit même à penser qu’en cas de dortoir insalubre, elle pourrait toujours venir d’allonger dans ce couloir.
Il la coupa dans ses pensées en s’arrêtant net au bout du couloir, pivotât vers la gauche devant une porte qui semblait donner sur une zone hyper protégée car elle était en acier condensé, protégée par un système électronique. Le major ouvrit le dossier, en sortit une petite carte transparente et recopia le code indiqué sur le digicode de la porte. Il tapait lentement mais avec précision ce qui lui permis de deviner sans trop de mal le code : 1371113.

Un déclic se fit entendre, et il ouvrit la porte pour lui laisser le passage.

Elle s’avança timidement en tendant le cou en avant comme pour pouvoir voir ce qu’il y avait à l’intérieur sans entrer.

« Vos appartements mademoiselle » lui dit il sobrement.

Elle s’avança et entra d’un pas en faisant attention où elle posait ses pieds. Lorsqu’elle leva la tête, elle ne pu retenir un petit cri de surprise et resta figée une seconde devant la scene.

Snoop

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Devant elle une pièce unique, avec une sorte de moquette au sol. Au centre de la pièce une table basse ovale, résolument moderne, accompagnée du divan assortit. Un coin cuisine séparée par une sorte de bar, une porte en verre semi transparent pour ce qui semblait être la salle de bain… Tout paraissait si chaleureux… douillet… elle se sentait presque déjà chez elle. Sur la table était posé carton énorme.
Elle souriait à pleine bouche lorsqu’elle se retourna vers le colonel.

« He bien ça à l’air de vous contenter c’est le moins que l’on puisse dire… »

« C’est … très bien mon colonel. » répondit elle sobrement.

Il entra au milieu de la pièce, désigna le carton et lui disant :
« Vos petites affaires… Vous comprenez je l’espère que votre ancienne vie est enterrée, et votre ex-appartement avec. Nos services ont collecté ces affaires chez vous. Naturellement, tout moyen de communication extérieur est proscrit… ainsi que tout ce qui ne rentre pas dans la … disons la norme de ces lieux »

« Vous êtes en train de me dire que le temps de remplir ces formulaires vous avez envoyé une équipe chez moi ? Qu’ils ont fouillé dans mes culottes et mes souvenirs ? »

Elle ne semblait pas encore énervée, mais pas loin de l’être non plus.

« Si cela peut vous rassurer, la tâche a été effectuée par des femmes. Nous avons des règles simples. Si vous êtes une femme, tout ce qui touche des affaires personnelles ou typiquement féminines seront traitées par des femmes. Cependant une autre règle est l’abandon casi-total de toute vie privée. »

Il se racla la gorge et reprit :
« Vous êtes a présent une arme de notre gouvernement. Nous devons savoir tout ce que vous faites, ce que vous pensez faire, et même ce à quoi vous n’avez pas encore pensé… »

Elle lui jeta un regard d’inquiétude.
« Une arme ? »

Il ne répondit rien et enchaîna.
« Il y a un coin bureau avec un ordinateur. Vous savez vous en servir donc je vous dispenserai des explications. Ce poste est votre seul moyen de communication à distance… Cependant vous n’avez pas accès aux services extérieurs… Nous avons tout ce dont vous pouvez avoir besoin en interne. »

« Etes vous en train de me dire que je ne sortirai jamais d’ici ? » demanda elle avec un air grave.

« Vous sortirez, mais pas dans les prochains jours, et ce ne sera jamais pour faire vos courses. Vous trouverez sur le PC des mémos sur les services de restauration entre autre, bar, tout ce qui peut vous manquer… Vous êtes en quelque sorte assigné à résidence…»

« Je comprend. »

« Bien. Je vais vous laisser prendre possession des lieux, et je passe vous chercher demain pour commencer votre entraînement. »

Elle sembla curieuse un moment.
« Quel genre d’entraînement colonel ? Car vous avez vu mon dossier, je sais manier presque tous les types d’arme, et combattre. »

Il la regarda, laissa passer quelques secondes de silence et répondit :
« Le genre d’entraînement qui vous permettra de mener vos missions à bien, et j’en profite pour vous dire une chose au passage : ce que vous avez appris ne représente rien… Apres quelques semaines d’entraînement, vous saurez vraiment combattre. Faites moi confiance. »

Sur ces mots, il la salua d’un hochement de tête et sortit.
Elle pris un moment pour réaliser vraiment l’ensemble de cette journée… elle avait été décorée, avait accepté une « promotion », avait quitté son identité et était à présent formée par un soit disant « colonel » qui prétendait qu’elle était une incapable. Elle tourna un peu en rond dans son appartement avant de s’asseoir sur le canapé pour souffler un peu… après une minute de silence, elle ôta ses chaussures. Elle fit plusieurs fois le tour des lieux, inspectant chaque recoin de la pièce. Une petite cuisine équipée, un coin PC, un salon, une salle de bain spacieuse et lumineuse. Elle ne réalisait pas encore que ce lieu était à présent son nouvel appartement.

Elle vérifia que la porte était bien verrouillée. Rassurée elle quitta sa tenue de cérémonie pour la laisser négligemment sur une chaise. Elle entra dans la salle de bain, quitta le reste des ses vêtements et glissa aussitôt sous la douche. La douche n’était pas seulement un moment de détente, ça lui permettait aussi de réfléchir au calme, sans bruits extérieurs… d’ordinaire elle préférait un bain mais elle avait un petit doute concernant l’intimité de l’appartement. Avoir traversé la pièce en sous vêtements était déjà audacieux mais elle n’avait pas vraiment de problèmes avec sa pudeur, et n’était pas non plus honteuse de ses formes.

Ce n’est qu’après une bonne dizaine de minutes qu’elle sortit finalement, pour s’enrouler dans un long drap de bain.
Elle alla dans la cuisine pour chercher un petit quelque chose pour manger… depuis le temps son estomac commençait sérieusement à réclamer de la nourriture. Elle trouva des pots de fromage blanc dans son frigo plein à craquer de toutes sortes de choses. Elle ouvrit tous les placards pour trouver du sucre et un gros bol, y déversa le contenu de 3 pots de fromage blanc et y ajouta une dose démesurée de sucre. Apres avoir remué le tout et goûté généreusement, elle emporta le bol et alla s’asseoir de nouveau sur son canapé.

Elle posa le bol sur la table en ouvrant le carton posé devant elle. Tout y était très ordonné, parfaitement emballé pour ne pas risquer de se faire briser… même son réveil inutile avait été du voyage. Tout en prenant au passage des cuillerées de fromage blanc, elle commença à vider le carton en rangeant ses affaires… Rien ne manquait vraiment… en tout cas aucunes de ses petites babioles.
Une bonne heure après, elle reposa le bol vide dans l’évier, et le carton vidé vers la porte.
Elle se mit en pyjama.
23h07.
Elle s’installa devant l’ordinateur. L’endroit était trop silencieux, alors elle fit avaler un de ses CD à la machine et lança la musique.
Accès à une messagerie, connexion aux serveurs internes, bases de données diverses, accès limité à Internet. Elle lu les quelques messages présents, un de bienvenue, un de présentation des lieux qu’elle imprima, et un du colonel qui lui disait qu’elle devrai se tenir prête le lendemain à 8h.

A minuit passé elle se décida quand même à se coucher, épuisée…

Snoop

Snoop
Explorateur de l'univers

Elle était en plein rêve lorsqu’elle ressentit quelque chose de bizarre, qui lui était inconnu, et qui la fit s’éveiller. Elle ouvrit péniblement les yeux et se demanda pourquoi une sensation si particulière l’avait tirée de ses rêves. Elle mit quelques poignées de secondes pour comprendre qu’il s’agissait du réveil qui avait fait son œuvre. Elle eut une pensée particulièrement amusée, en réalisant que pour la première fois cet appareil qu’elle prenait soin de dénigrer chaque jour venait de prendre sa revanche.

Le lever de lit fut long, tant elle était encore endormie. Elle n’avait pas dormi si paisiblement depuis bien des années.
Le déjeuner fut silencieux. Elle resta pensive sur ce qu’on allait exiger d’elle tout en avalant à grandes bouchées ses céréales, comme pour gagner du temps. Elle alla ensuite se préparer. Il lui fallut tout de même deux bonnes minutes pour choisir sa garde-robe, et elle opta finalement pour une tenue sobre : un pantalon et un t-shirt bleu foncé. Cinq minutes avant le rendez vous du colonel, elle venait de ranger sa table et de faire grossièrement son lit. Elle réalisa en passant devant le miroir que ses cheveux étaient encore en désordre. Pour tirer court à la réflexion, elle enfila une casquette en glissant sa chevelure dedans. Elle était en train de s’asseoir devant le PC pour ses messages du matin lorsqu’on sonna à la porte.
Elle prit la peine de vérifier sur l’écran de contrôle puis ouvrit la porte sur le colonel.

« Bonjour monsieur ».
Il la regarda de la tête aux pieds et lui retourna :
« Mademoiselle, on n'avait pas dit quelque chose concernant les ‘monsieur’ ? »
« Heuu oui en effet. »
« Très bien. Vous êtes prête ? On y va. »

Il se lança dans le couloir et elle le suivit après avoir fermé sa porte.
« Où allons-nous ? » dit elle.
« A l’armurerie d’abord, au stand de tir ensuite. »
« Vous allez m’apprendre à tirer ? Je me permets de vous rappeler que j’ai obtenu d’excellentes notes au tir, notamment un maîtrise du AP-10. »
« Votre dossier a disparu avec votre identité mademoiselle. Je suis votre instructeur, et je suis chargé d’évaluer et renforcer vos capacités à manier les armes, toutes les armes. Vos compétences antérieures sont un atout, rien de plus.»
« Compris » fit elle ravalant son sourire.

Il traversèrent des couloirs, prirent des ascenseurs pour enfin arriver devant une salle dont la porte blindée était ouverte en grand. De chaque coté de la porte, un garde, fusil d’assaut en main, et qui paraissait même être chargé. Ils la dévisagèrent à son entrée, juste après avoir salué le colonel d’un hochement de la tête.
Le colonel se dirigea directement vers celui qui semblait être l’armurier, caché derrière son immense comptoir. Ils échangèrent deux mots, le colonel la désigna du menton par-dessus son épaule et l’autre type lui jeta un regard avant de sortir d’un de ses rayons une énorme valise. Le colonel la prit et il fit signe à Züya de le suivre. La valise semblait peser lourd mais l’homme ne faisait pour autant pas un pas de travers.
Elle lui emboîta le pas, toujours silencieuse.
Il semblait y avoir dans cette valise tout un arsenal. Certainement tout un kit d’armes de pointe voire un fusil de combat. Des armes d’entraînement, mal entretenues comme toujours.

Ils arrivèrent dans une salle très longue en profondeur et en hauteur. Une sorte de couloir en échelle quatre fois supérieure.
Le colonel posa la valise sur la table et alluma les lumières en actionnant un des ces bons vieux interrupteurs. Elle remarqua bien sûr la chose, car dans toutes les autres pièces, l’allumage était automatique.
« Bienvenue au stand de tir. »
Il alluma avec une télécommande des spots qui firent apparaître une poignée de cibles, à des distances variables jusqu'à fond de la pièce. La dernière cible n’était que difficilement perceptible.
Il déverrouilla la valise alors qu’elle s’approchait pour en voir le mystérieux contenu. Il fit pivoter le couvercle et découvrit l’arme de son enveloppe de tissu brillant, laissant apparaître les différentes pièces d’un fusil de sniper. Il était complément démonté, mais semblait neuf, brillant de mille feux.
« Il… il est neuf ? » demanda-t-elle presque amusée du ridicule de la question concernant une arme d’entraînement.
« Il en a l’air non ? »
« C’est le moins qu’on puisse dire, quel entretien ! »
« Il est neuf. Mais je vous assure que l’armurier saura l’entretenir. »
« Neuf ? Mais je croyais que nous allions nous entraîner ? »
« C’est le cas. Nous avons une politique d’armement particulière ici. Nous savons que la plupart des soldats n’aiment pas changer d’arme, notamment pour ne pas avoir à refaire les réglages, mais aussi car celui qui l’a pris n’est pas forcément aussi soigneux que vous… »
« Donc c’est mon fusil ? Je suis donc un sniper ? »
« C’est le votre oui. Et oui vous êtes UNE sniper, entre autres… nous allons réapprendre toutes les armes et à chaque j’attendrai de vous une parfaite maîtrise.
L’apprentissage est progressif : du plus prudent au plus audacieux. Nous allons donc commencer par le tir à la lunette, et nous finirons par le couteau et le combat rapproché à mains nues. Sortie de mon entraînement, vous saurez faire avec des armes même ce qui n’a pas été prévu de faire avec lors de leur conception. »
« Vous êtes en train de me dire que vous savez vous-même toutes les utiliser parfaitement ? »

Il eu un petit sourire avant de se reculer de la valise pour la laisser prendre possession de l’arme.
« Il s’agit du fusil de tir le plus précis que vous pourrez trouver sur la planète. Il est fonctionnel sans équipement, mais on peut y ajouter un silencieux, un pare-flammes, une visée laser, une lunette d’ajustement, un stabilisateur…, tout ce qui facilite le tir mais surtout le rend plus sûr. »
« Wahouuu » dit elle dans un grand sourire de satisfaction.
« Très bien, assemblez-le et nous allons commencer. »

Elle prit les éléments un par un, toujours dans le même ordre… elle se répétait dans sa tête le refrain de l’instructeur qui avait formé sa compagnie au maniement du fusil à lunette.
Elle assembla les éléments entre eux et au bout d’une petite minute, tenait à la main l’extraordinaire arme. Un peu lourde pensa-t-elle en estimant son poids à une dizaine de kilos.

« Bien » lui dit-il. « Vous semblez savoir ce que vous faites. »
Il prit un chargeur dans la boite, en vérifia le contenu et lui donna.
« Allez y, chargez et prenez position au sol. Nous allons commencer calmement. »

Elle s’agenouilla et posa lentement le fusil au sol, en direction des cibles. Elle y engagea le chargeur, vérifia la bonne fixation de la lunette et s’allongea en position de tir.
Il prit place à coté d’elle, allongé lui aussi, une paire de jumelles infrarouges à la main.

« Bien. Prête pour la leçon ? »
« Prête. »

Vous avez entre les mains le plus précis des fusils, mais aussi le plus bruyant alors ne soyez pas surprise. Nous allons d’abord nous occuper de la première cible que vous aurez en mire. Allons y.

Elle retourna sa casquette et s’allongea, l’œil dans l’axe de la lunette, une main sur la poignée et l’autre sur la lunette à chercher la molette de réglage.
La voyant faire il l’interrompit.
« Vous cherchez quoi là ? »
« Le réglage de la visée, car je ne vois rien là. »
« Le réglage est automatique. Prenez position des deux mains vous allez voir. »

Elle s’exécuta et remit sa main droite sur la poignée, la gauche sur le canon. A ce moment là un léger bip se fit entendre, et la lunette devint utilisable. A première vue le réglage semblait médiocre, la visualisation n’étant pas floue mais pas non plus assez bonne pour effectuer un tir. Elle pivota légèrement pour trouver une cible. Une fois la cible grossièrement dans la mire, la lunette s’ajusta automatiquement et dévoila la cible avec une netteté parfaite.
« C’est bon ? » dit-il.
« Oui je vois, la lunette s’ajuste automatiquement selon la distance choisie. »
« Ceci vous fera gagner un temps précieux lors de tirs groupés, mais est un inconvénient pour changer de distance de tir rapidement. Ce sera à vous de vous faire au mécanisme et à apprendre à anticiper la netteté de la visée. »
« Je vois. »
« Bon, cibles en vue ? Laquelle ? »
« Cible acquise, la n°3 »
« N°3, compris. »

Elle fit glisser le doit sur la gâchette, et ôta le cran de sûreté.
« Autorisation de tir ? »
« Quand vous voulez »

Il glissa dans ses jumelles en fixant la cible.
Elle prit une profonde inspiration, longuement… à la fin de laquelle elle bloqua sa respiration.

1 seconde… 2 secondes… BAM !

Le bruit résonna dans la pièce une dizaine de fois avant de s’étouffer.
Elle engagea la balle suivante en éjectant la douille encore fumante.

Il quitta ses jumelles, ravi.
Elle était replongée dans sa lunette pour visualiser le résultat. Sans quitter sa position elle lui dit :
« En quoi sont faites ces cibles ? »
« Le dessin est un simple carton, le support est une plaque de bois d’une trentaine de cm, pour arrêter les balles. »

Elle eu un sourire de satisfaction avant de décoller son œil de la lunette pour observer sa réaction : le panneau de bois était transpercé d’un trou béant.

Snoop

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« Bien » lui dit-il simplement.

Elle lui retourna un grand sourire, manifestement contente d’avoir littéralement transpercé cette pauvre cible.

« Il y a un point positif et un point négatif. » reprit-il, lui faisant oublier son sourire. « Le positif, c’est que vous ayez demandé l’autorisation de tir. Sans cette autorisation, quelle que soit la cible, et la mission, vous ne tirez pas. C’est compris ? »
« Bien compris »
« Le point négatif, c’est le fait que vous ayez dû viser une seconde fois pour visualiser le résultat. »
« Je ne pouvais pas distinguer de manière certaine l’efficacité du tir sans ma lunette… »
« C’est exact, et c’est pourquoi vous n’auriez jamais dû la quitter. A l’académie, les tirs se font toujours un par un, bien espacés, et donc vous permettent de quitter la cible des yeux pour vous y remettre ensuite, calmement. On vous apprend aussi que de quitter la cible des yeux vous permet de visualiser ce qu’il se passe autour de vous, si votre position est compromise par exemple… c’est bien ça ? »
« Tout à fait » lui répondit-elle, visiblement intéressée par son discours, lui rappelant tant de souvenirs.
« Ici, ce que je vous demande, c’est de savoir visualiser votre environnement direct, avec l’œil qui n’est pas dans la lunette, et de l’autre, de viser votre cible. Et en plus de ça je vous demande de ne quitter votre cible des yeux qu’une fois la cible atteinte, ou l’ordre d’abandon de mission donné. »
« Viser avec un œil ouvert ? Mais c’est presque impossible… »
« Presque… tout à fait… mais presque ne signifie pas impossible. »
« Oui bien sur… mais je doute pouvoir un jour le faire. »
« J’espère bien que vous allez y arriver. »

Elle restait pensive, quand à la manière d’accomplir un tel miracle.
Il reprit ses jumelles.
« Bien, nous allons reprendre. Essayez de suivre les deux consignes : on ne quitte pas la cible, on ouvre les yeux… le premier d’abord, allons-y par étapes. »
« Bien, allons-y » lança-t-elle, déterminée.
« La cible tout au fond mademoiselle. »

Elle se mit à nouveau en place, les deux mains tenant fermement l’arme. Elle visa la cible du fond. La visée s’ajusta rapidement, pour lui permettre d’avoir une image nette, malgré le manque de lumière sur la cible. Elle se surprit alors à avoir un œil fermé. Elle l’ouvrit mais automatiquement perdit sa cible de vue, se concentrant malgré elle à l’environnement direct que lui permettait d’observer son œil en dehors de la visée. Tant pis. Elle le referma, et se concentra sur cette fameuse cible. Ne pas quitter la cible des yeux… elle savait que le coup de feu la ferait cligner des yeux, mais elle devait immédiatement rouvrir les yeux pour voir le résultat.
« Autorisation de tir ? »

« Vous êtes autorisée à ouvrir le feu mademoiselle » lui répondit-il sans même quitter la cible des yeux un quart de seconde.

Elle prit une grande inspiration, serra le fusil de toutes ses forces pour ne pas se faire déboîter l’épaule par le recul lors du tir, et appuya sur la gâchette, en prenant soin de garder ses yeux bien ouverts. Le temps d’un instant, elle vit les choses comme au ralenti… le coup de feu, l’arme qui s’ébranle… et ce formidable coup de tonnerre… puis un léger écran de fumée… et la cible au loin qui se balançait légèrement, des petits éclats de bois qui retombaient au sol, fumants pour certains.

Sans même bouger un seul instant son regard, elle empoigna la poignée d’éjection, et l’actionna pour éjecter la douille fumante, et introduire la suivante.
Ce n’est qu’au bout d’une longue seconde qu’elle quitta enfin sa visée pour se tourner vers le colonel.

« Bien » lui répondit-il. « Vous apprenez vite, c’est bien. »
« Merci. »

« Je pense que vous avez compris l’intérêt de la chose. Vous pouvez ainsi abattre une poigné de cibles en un temps record. Comme vous êtes à l’aise nous allons progresser vite dans le programme de tir… Plutôt que de vous faire encore tirer quelques balles sur cibles, nous allons établir votre premier record de rapidité.»
« Ha ? Il y a une compétition ? »
« Oui, une compétition avec vous-même. Vous allez tirer aussi bien et aussi vite que possible sur 8 cibles. Les cibles sont toutes côte à côte, fixes à des distances variables entres elles. Le but du jeu étant de ne pas en rater une, de toutes les atteindre en leur centre, et bien sur en un temps record… Vous aurez dix balles pour ça, ce qui vous laisse une légère marge d’erreur. »
« Compris. »
« Bien, rechargez votre arme, et prenez position, je vais préparer les cibles. »

Ils se levèrent tous deux. Lui alla vers le fond de la salle et elle se dirigea vers la table. Elle dégagea le chargeur, et la balle qui était encore engagée pour prendre un nouveau chargeur.

Lorsqu’elle reprit sa place, il arrivait du fond de la salle, et alluma les lampes du fond en passant devant la table. Les huit cibles étaient toutes éclairées, fixes et le long d’une ligne.
Elle prit position au sol, arme en main, et ajusta la visée sur la cible la plus à gauche.

« Vous êtes prête ? » lui demanda-t-il en préparant son chronomètre.
« Prête. Autorisation de tir ?»
« Quand vous voulez »

Elle s’ajusta une dernière fois, calma sa respiration, ouvrit son œil tout grand.
« Go ! »
Le premier coup de feu résonna, couvrant le bip du chrono qui entamait le compte.
Elle avait eu la cible en plein centre. Elle engagea la balle suivante, puis pivota vers sa droite pour ajuster la cible, et après un cours instant pour être sure de sa visée, tira pour traverser la seconde cible. Elle enchaîna ainsi les 5 premières cibles, lorsqu’elle manqua de concentration, et trop pressée elle rata la cible suivante. Elle pesta en engageant la balle suivante, pour cette fois ci traverser la cible en plein milieu avant de passer à la suivante. Elle comptait dans sa tête le nombre de cibles atteintes, en essayant d’oublier les bips régulier du chrono qui indiquait chaque seconde qui passait. Son tir était régulier, mais son pouls s’accélérait de plus en plus, pour devenir très rapide lorsque enfin elle détruisit la dernière cible. Le bip qui annonçait la fin du chronométrage se fit entendre.
Elle respira longuement en prenant de longues inspirations, et en se dégageant de la lunette.

« Alors ? » demanda t elle essoufflée.
« Et vous qu’en pensez-vous ? »
« J’ai manqué de concentration… et j’ai perdu du temps à cause de ça… Quel exercice en tout cas… j’en ai le cœur qui bat encore si fort !»
« He bien justement parlons-en… Vous avez le cœur qui bat la chamade parce que vous deviez faire le plus vite possible… vous vous êtes mis la pression et avez perdu votre sang froid… et une cible par la même occasion.. »
« Combien de temps ais-je mis ? »

Il regardât son chrono et lui annonça :

« 87 secondes… »

« Je suis sûre que je peux faire mieux… »
« Je l’espère bien… avec un temps pareil, vous imaginez ce que la cible 8 à le temps de faire en presque une minute et demie ? Elle a le temps de sortir son arme, de vous localiser, de se mettre à couvert, et même de vider un chargeur dans votre direction… »
« Compris… il faut être plus rapide… »
« Non pas du tout, il vous faire faire de votre arme un prolongement de votre corps… Ne pas se poser de questions… c’est quelque chose de difficile à définir… »
« Et comment je sais si j’y arrive ? »
« Vous le saurez lorsque vous tirerez sans rater une seule cible, et sans augmenter votre pouls… et là je peux vous garantir que vous exploserez ce record.. »
« Quel est le meilleur temps ? Et qui l’a établi ?»

« Lorsque vous le battrez, vous le saurez … » lui dit-il dans un regard mystérieux…
[Corrigé par Niya Niya.]

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